ΣΥΝΘΗΚΗ ΣΕΒΡΩΝ ΕΠΙΣΗΜΑ ΠΡΑΚΤΙΚΑ ΓΙΑ ΠΑΡΑΧΩΡΗΣΗ ΣΜΥΡΝΗΣ
Ελληνική Ιστορία 1940-49 .Ένα έθνος σε κρίση :: ΠΕΡΙΟΔΟΙ - ΘΕΜΑΤΙΚΕΣ ΕΝΟΤΗΤΕΣ :: Οι πολιτικές συγκρούσεις και οι ρίζες τους τις δεκαετίες '20,'30,'40
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ΣΥΝΘΗΚΗ ΣΕΒΡΩΝ ΕΠΙΣΗΜΑ ΠΡΑΚΤΙΚΑ ΓΙΑ ΠΑΡΑΧΩΡΗΣΗ ΣΜΥΡΝΗΣ
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LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
lettre signée par MM. Clemenceau et Lloyd George qui nous a empêchés de revenir à Paris. »
Le PRESIDENT WILSON. — Nous devons faire ce qui est juste, rien de plus et rien de moins.
M. LLOYD GEORGE. — Il faut chercher à sortir de cette situa¬tion honorablement. Nous devons essayer de ramener l'Italie à nous, et, si ce n'est pas possible, établir que ce n'est pas par notre faute. J'ai peur que la publication de la lettre empêche l'un et l'autre. S'ils avaient envie de revenir, ils ne le pourront plus. En même temps, la publication aura excité l'opinion contre nous. On sait très bien que cette lettre a été écrite. Plus longtemps elle res¬tera entre les mains de M. Orlando sans être publiée, plus grand en sera l'effet. Le public britannique n'est pas avec l'Italie, mais il désire que l'affaire s'arrange.
Le PRESIDENT WILSON. — L'opinion publique américaine s'in¬téresse vivement à ce différend et ne comprend pas pourquoi les Etats-Unis paraissent isolés. Il me semble que pour le monde entier l'appui de l'opinion américaine est plus important que celui de l'opinion italienne.
M. LLOYD GEORGE. — Beaucoup plus, je le reconnais.
Le PRESIDENT WILSON. — J'ai causé avec beaucoup de gens qui connaissent l'Italie mieux que je ne la connais moi-même. Ils pensent que le seul moyen d'aboutir à un résultat satisfaisant est de montrer à l'Italie qu'elle ne peut compter sur aucun appui extérieur. Si vous lui laissez l'espoir d'un compromis sur la ques¬tion de Fiume, elle continuera à manœuvrer et à faire des cam¬pagnes de presse qui auront pour efTet de séparer de plus en plus l'opinion américaine de l'opinion européenne. La lettre préparée par M. Bal four, portant les signatures de M. Clemenceau et de M. Lloyd George, montrera à l'Italie qu'elle est dans une situation impossible et qu'elle risque un isolement complet.
En attendant, nous avons à continuer nos travaux, avec le danger de prendre, en l'absence de l'Italie, des décisions contraires à ses intérêts. C'est pour nous un embarras et cela nous pose des questions de conscience continuelles tant que la situation ne sera pas éclaircie.
M. LLOYD GEORGE. — La décision de publier cette déclaration est une décision grave. Je ne crois pas que l'opinion italienne puisse s'imaginer que les Etats-Unis sont isolés, car je sais qu'il existe en Italie un sentiment très fort contre l'opinion britannique. Cela est dû principalement à l'attitude du Times, qui est toujours considéré en Italie comme un organe semi-officiel, quoiqu'il ait tout à fait cessé de l'être.
On me fait savoir que, dans plusieurs villes d'Italie, des sol-
LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
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dats anglais ont été insultés dans les rues. L'Italie nous croit d'ac¬cord avec les Etats-Unis. S'il y a une impression contraire en Amérique, cela vient de Hearst et de la presse qu'il dirige : c'est le jeu qu'il a toujours joué pour nous diviser, dans l'intérêt des Allemands. Je crois plutôt que l'Angleterre est considérée comme plus favorable qu'elle ne l'est aux Yougoslaves : la masse de l'opi¬nion en Angleterre ne sait que fort peu de chose sur eux et ne s'intéresse pas beaucoup à eux.
Si je croyais que cette publication force l'Italie à prendre une décision, je serais d'avis de la faire immédiatement; je crains au contraire qu'elle ne prolonge la crise. Il faut que l'Italie revienne, et revienne volontairement. Cette publication peut au contraire causer une crise qui enverra ici Giolitti ou Tittoni, qui joueraient parmi nous le rôle d'espions de l'Allemagne : c'est celui que Tittoni a déjà joué pendant la guerre. Nous étions bien obligés de le recevoir dans nos conseils; mais on se disait à l'oreille : « Chut... Tittoni est là... »
Rappelez-vous que le marquis Imperiali vient de nous faire savoir qu'il a télégraphié à M. Orlando au sujet de cette publi¬cation et que M. Orlando a dit que son plus grand désir était qu'elle n'eut pas lieu.
Le PRESIDENT WILSON. — L'impression dominante en Améri¬que est que les Etats-Unis ne sont pas soutenus dans cette affaire, ou, du moins, qu'ils ne le sont pas ouvertement. Je crois que vous prolongerez plus la situation actuelle par votre silence que par votre action. En jetant un cristal dans un liquide, on le fait parfois cristalliser tout entier.
M. LLOYD GEORGE. — Quelquefois aussi, on provoque une explosion.
Le PRESIDENT WILSON. — L'explosion s'est déjà produite. La crainte de nous voir négocier avec les Allemands sans l'Italie agira sur l'esprit des Italiens. Je vois d'autre part qu'ils envoient des bateaux à Fiume et à Smyrne. Je puis envoyer, soit à Fiume, soit à Smyrne, notre plus grand cuirassé, le George Washington, qui est maintenant à Brest. Si je le fais, cela peut produire un résultat — et loin de moi le désir que ce résultat soit la guerre. Mais l'atti¬tude de l'Italie est indubitablement agressive; elle crée une menace à la paix, au milieu même de la Conférence de la paix dont l'Italie faisait partie et d'où elle s'est retirée.
M. LLOYD GEORGE. — Une dépêche reçue par M. Veniselos, qui nous en a fait part, indique qu'il y a une entente, en Asie Mineure, entre les Italiens et les Turcs, qui reprennent contre les Grecs leur politique de terrorisme. M. Veniselos nous demande
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LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
M. LLOYD GEORGE. — Ces renseignements ne nous ont pas été
communiqués. Mais comme il n'y a plus en Bulgarie que des
troupes d'occupation italiennes, si les culasses des canons sont à
Sofia entre leurs mains, ce n'est pas une garantie.
J'aurais souhaité que vous envoyiez là-bas le général Henrys.
Vous croyez toujours que j'ai un préjugé contre le général Fran-
chet d'Esperey. Mais ce n'est pas un homme très sage.
M. CLEMENCEAU. — J'ai pleine confiance dans le général Henrys.
Je peux envoyer au général Franchet d'Esperey l'ordre de faire
immédiatement saisir les culasses.
M. LLOYD GEORGE. — Les Italiens n'agiront pas eux-mêmes;
ils feront agir les Bulgares. Si nous pouvions retirer les troupes
d'occupation anglaises du Caucase, nous les enverrions en Bul-
garie. C'est une des questions que je voulais poser ce matin. Nous
allons nous trouver en présence d'un fait accompli : les Italiens
seront en Anatolie. Le seul moyen d'y parer, c'est de régler le plus
tôt possible la question des mandats et de régler immédiatement
la question de l'occupation. Cela nous permettra de quitter le
Caucase et d'envoyer des troupes en Bulgarie; les Américains
occuperont Constantinople et les Français, la Syrie. Nous devons
laisser les Grecs occuper Smyrne. Il y a là des massacres qui
commencent et personne pour protéger la population grecque.
M. CLEMENCEAU. — Savez-vous combien de bateaux l'Italie a
maintenant devant Smyrne ? Elle en a sept.
M. LLOYD GEORGE. — Il ^YAJI^mieux décider tout cela entre
nous avant le retour des Italiens. Autrement, je suis persuadé
qu'ils nous devanceront.
M. CLEMENCEAU. — J'y suis tout prêt. Il faut en effet qu'ils
trouvent nos décisions prises.
M. LLOYD GEORGE (à Sir Henry Wilson). — Ne pensez-vous '
pas qu'il faudrait occuper aussi l'Arménie sans tarder ?
Sir Henry WILSON. — C'est difficile.
M. LLOYD GEORGE. — Même à partir de Trébizonde ?
M. CLEMENCEAU. — Il n'y a pas de difficulté en ce moment en
Arménie.
Sir Henry WILSON. — Il ne faut pas oublier qu'à l'heure ac-
tuelle, il existe une convention entre nous et les Italiens pour leur
confier l'occupation du Caucase.
Le PRESIDENT WILSON. — Je n'aimerais guère les y voir en ce
moment.
M. LLOYD GEORGE. — Cela est dans un document écrit qui
devait servir de base au règlement des zones d'occupation.
Le PRESIDENT WILSON. — Il s'agit d'un document préparé par
les experts militaires, qui n'a pas été signé par nous.
U «
Sir Henry WILSON. — En tout cas, il faut quelqu'un au Cau¬case si nous nous en allons; autrement, ce sera la guerre entre les différentes populations et le massacre général.
M. LLOYD GEORGE. — Sans oublier les Bolcheviks, et même Denikine, qui, en ce moment, paraît chercher à s'emparer de la Géorgie.
Le PRESIDENT WILSON. — Quel serait l'effet de la présence des Italiens ?
M. LLOYD GEORGE. — Aussi mauvais que possible. Il est impor¬tant de fixer les zones d'occupation : il y a urgence.
M. CLEMENCEAU. — Nous pouvons régler dès aujourd'hui la question du désarmement des Bulgares et de l'occupation de la Bulgarie.
M. LLOYD GEORGE. — Je souhaite que vous envoyiez là-bas le général Hcnrys.
M. CLEMENCEAU. — C'est une chose possible.
M. LLOYD GEORGE. — Je demanderai aux Américains d'occu¬per le Caucase, sans quoi ce sont les Italiens qui le feront. Quant à nous, nous n'avons déjà que trop de charges. On nous accuse toujours de vouloir de nouveaux territoires. Le Caucase a des ressources immenses; mais c'est un fardeau sur nos épaules.
Le PRESIDENT WILSON. — En retirant, aux Italiens quelque chose qui paraît leur avoir été promis, vous augmentez les dangers de conflit.
M. LLOYD GEORGE. — Les Italiens ont 30.000 hommes en Bul¬garie; ils veulent faire pression sur nous. Nous démobilisons, vous retournez en Amérique et l'Italie reste armée. Elle peut, dans quelques mois nous mettre en présence du fait accompli, ayant occupé la plus grande partie de l'Asie Mineure, et prendre même une attitude agressive dans les Balkans. Je suis d'avis de prendre les devants, et de les mettre eux-mêmes en présence du fait accompli. Pour cela, il faut une décision immédiate. Provoquons une réunion de nos experts militaires et navals, qui reverront cette question des zones d'occupation en Turquie.
M. CLEMENCEAU. — Nous y enverrons volontiers nos experts.
M. LLOYD GEORGE. — L'amiral de Bon est un de vos meilleurs conseillers; j'ai beaucoup d'estime pour son jugement.
M. CLEMENCEAU. — M. Pichon demande s'il y a objection à la publication de la note qui lui a été communiquée par le comte Bonin. Si vous êtes d'accord avec moi, nous ferons annoncer seu¬lement que les Italiens reviennent à Paris.
Sir Henry WILSON. — Je provoquerai donc, selon vos instruc¬tions, une réunion des experts militaires et navals.
"M. LLOYD GEORGE. — J'ai vu il y a quelques jours un de mes
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M. LLOYD GEORGE. — En attendant, si nous les laissons faire, les Italiens auront occupé toute l'Anatolie. Nous n'avons même pas encore discuté entre nous la question des mandats pour cette partie de l'Asie.
Le PRESIDENT WILSON. — On me dit que les Turcs désirent que les pays habités par leur race ne soient pas divisés et aussi qu'il y a chez eux un mouvement en faveur d'une administration américaine.
M. LLOYD GEORGE. — Cela ne mitonnerait pas : les Améri¬cains sont, de tous les Occidentaux, ceux contre qui ils ont le moins de griefs.
Le PRESIDENT WILSON. — Je n'espère pas que l'opinion améri¬caine y consente. La haine du Turc est incroyable en Amérique. Ce que l'opinion américaine approuvera, c'est la protection des Arméniens ou de quelque population que ce soit contre les Turcs. Elle approuvera aussi l'occupation de Constantinople, si elle nous est confiée, parce que Constantinople sera par là enlevée aux Turcs. Mais j'avoue que mettre en Anatolie une puissance aussi turbulente que l'Italie me paraît dangereux, tant en ce qui con¬cerne les Turcs et leurs réactions possibles que quand je pense aux rapports qui s'établiront entre les Italiens et les mandataires voisins. Quant aux Italiens, je ne sais pas s'ils seront très satis¬faits d'avoir de grands mandats en Asie quand ils verront les charges que cela fera peser sur leur budget.
M. LLOYD GEORGE. — C'est un peu comme pour les dread- noughts que l'on propose de garder au lieu de les détruire : ceux qui les garderont verront ce qu'il leur en coûtera, rien que poul¬ies entretenir.
Le PRESIDENT WILSON. — C'est comme le yacht officiel du Président des Etats-Unis, la Mciyflower : je ne m'en sers pas quatre fois dans l'année et son entretien, avec la solde de l'équipage, coûte quelque chose comme cent mille dollars par an.
J'ai reçu aussi des nouvelles de l'Albanie : les habitants pro¬testent contre l'idée d'être soumis d'une façon permanente à un protectorat italien.
M. LLOYD GEORGE. — L'histoire du protectorat italien en Alba¬nie est assez curieuse. Les Italiens ont agi subrepticement et sou¬dainement. Ensuite, ils ont nié avoir établi un protectorat en Albanie.
Le PRESIDENT WILSON. — Los Albanais ont horreur de l'idée d'être soumis à l'Italie. Je pense qu'il faut leur laisser leur indé¬pendance.
M. LLOYD GEORGE. — Je ne sais trop ce qu'ils en feront, si ce n'est de se couper mutuellement la gorge. Leur indépendance
LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE 499
ressemblera à celle de la Haute Ecosse au quinzième siècle.
Le PRESIDENT WILSON. — Ne dites pas de mal des montagnes d'Ecosse : c'est le pays d'origine de ma famille.
M. LLOYD GEORGE. — 11 me semble bien aussi reconnaître quelquefois le vieux sang celtique.
J'insiste de nouveau pour qu'en Asie, nous ne laissions pas l'Italie nous mettre en face du* fait accompli. Il faut que nous permettions aux Grecs de débarquer des troupes à Smyrne.
Le PRESIDENT WILSON. — Le meilleur moyen d'arrêter les entreprises des Italiens, c'est le moyen financier. Le moment peut venir où nous leur dirons que s'ils n'évacuent pas tel ou tel terri¬toire, ils ne doivent pas attendre de nous de leur fournir l'argent nécessaire pour s'y maintenir.
M. LLOYD GEORGE. — Avons-nous jamais empêché les Turcs et les puissances balkaniques de faire la guerre, quoiqu'ils aient toujours souffert du manque d'argent ? Mon avis est qu'il faut dire à M. Veniselos d'envoyer des troupes à Smyrne. Nous don¬nerons à nos amiraux l'instruction de laisser les Grecs débarquer partout où il y a une menace de troubles ou de massacres.
Le PRESIDENT WILSON. — Pourquoi ne pas leur dire de débar¬quer dès maintenant ? Avez-vous une objection ?
M. LLOYD GEORGE. — Aucune.
M. CLEMENCEAU. — Je n'en ai pas non plus. Mais faut-il avertir les Italiens ?
M. LLOYD GEORGE. — Ce n'est pas mon avis.
Je reçois à l'instant une note de M. Balfour : le gouvernement italien fait demander que la séance de demain soit retardée de vingt-quatre heures et que le nom de l'Italie soit rétabli dans le texte imprimé du traité. En ce qui me concerne, j'estime que nous n'avons pas à retarder le rendez-vous que nous avons donné aux plénipotentiaires allemands. Si les Italiens n'y sont pas, ce n'est pas notre faute.
M. CLEMENCEAU. — Nous les avons suffisamment avertis avant leur départ pour Rome.
Le PRESIDENT WILSON. — A-t-on le temps de remettre leur nom dans le traité ?
M. LLOYD GEORGE. — Mon avis est de laisser le traité tel qu'il est et d'y ajouter à la plume le nom de l'Italie partout où il le faudra, quand les plénipotentiaires italiens seront ici. Jusqu'à pré¬sent, ils nous ont fait savoir seulement qu'ils « espéraient » pou¬voir assister à la séance de demain. Nous ne savons pas s'ils pose¬ront des conditions avant do s'y rendre. Dans cette situation, il me paraît provisoirement impossible de rétablir le nom de l'Italie dans le texte du traité. (Assentiment.)
LXVI
7 mai 1919 - midi.
CONVERSATION ENTRE MM. LE PRESIDENT WILSON.
CLEMENCEAU, LLOYD GEORGE, VENISELOS, V
L'AMIRAL GEORGE P. HOPE ET LE GENERAL SIR HENRY WILSON (1).\
M. CLEMENCEAU (à M. Veniselos). — Nous envisageons le dé-
barquement de troupes grecques à Smyrne, pour empêcher des
massacres et devancer un débarquement italien. Le général Fran-
chet d'Esperey nous dit que vous n'avez pas de troupes prêtes
pour un débarquement.
M. VENISELOS. — Nous avons en Macédoine une division qui
avait été préparée pour être envoyée en Russie.
M. LLOYD GEORGE. — Est-ce tout ce que vous pouvez envoyer
à Smyrne ?
M. VENISELOS. — Nous pouvons prendre deux divisions en
Macédoine sans aucune difficulté. Mais, dans ce cas, nous ne pour-
rions agir éventuellement en Thrace qu'en retirant les-troupes
que nous avons en Bessarabie.
M. CLEMENCEAU. — Il ne s'agit pas d'agir en Thrace; nous ne
le désirons pas, car cela créerait un conflit immédiat avec les
Bulgares.
M. LLOYD GEORGE (à l'amiral Hope). — Pouvez-vous nous dire
dans quel délai nous pourrions trouver les moyens de transport
pour deux divisions grecques qui seraient envoyées de la Macé-
doine à Smyrne ?
L'Amiral HOPE. — Je n'ai pas les renseignements nécessaires,
mais je puis vous les procurer dans la journée.
Le PRESIDENT WILSON. — En tout cas, il faut préparer les divi-
sions grecques.
M. VENISELOS. — Il y en a une qui est toute prête à embar-
quer à Cavalla.
M. LLOYD GEORGE. — Peut-on embarquer là 9
L'Amiral HOPE. — Oui, parce que cette division n'a que des
(1) H., I, p. 501 et suiv.
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canons de montagne. L'embarquement serait impossible avec de l'artillerie lourde.
Le PRESIDENT WILSON. — Quel est l'effectif de vos divisions grecques ?
M. VENISELOS. — Seize mille hommes, dont neuf mille fantas¬sins. Les divisions turques, à la fin de la guerre, étaient — et elles sont encore — très diminuées.
M. LLOYD GEORGE. — Ne pouvez-vous pas découvrir quelles forces les Turcs ont, soit à Smyrne, soit dans la région ?
Le PRESIDENT WILSON. — Aux termes de l'armistice, les Turcs ne doivent pas faire de résistance, car l'armistice nous donne le droit d'envoyer des troupes partout où nous estimons qu'il y a danger pour un des Alliés. La Grèce est un Etat allié.
M. VENISELOS. — Il y a d'ailleurs trente mille sujets du royau¬me de Grèce dans la ville de Smyrne.
Le Général Sir Henry WILSON. — Je ferai observer que, comme l'armistice réserve le droit d'occupation aux Alliés, les Italiens pourront, s'ils voient débarquer des Grecs, débarquer eux aussi des troupes.
Le PRESIDENT WILSON. — Si les Grecs débarquent avec notre mandat, les Italiens ne peuvent faire un débarquement sans s'être î entendus avec nous ou sans provoquer un incident grave.
Le Général Sir Henry WILSON. — Je pense que les troupes grecques envoyées à Smyrne resteront sous le commandement du chef de l'armée d'Orient, et non du général Allenby ?
M. LLOYD GEORGE. — Il vaut mieux ne pas mêler Allenby à cette affaire.
M. VENISELOS. — Il est important de faire en sorte que les Turcs ne soient avertis qu'au dernier moment. Si les officiers turcs, que je connais bien, n'ont pas reçu l'ordre de résister, ils ne feront aucune résistance. Quant à la population do Smyrne, son attitude sera très amicale.
M. LLOYD GEORGE. — N'y a-t-il pas toujours danger que les forts turcs de la rade tirent sur les troupes grecques ?
M. VENISELOS. — Ce danger n'existe pas si nos troupes entrent dans la rade sur des transports battant pavillon des Alliés.
M. CLEMENCEAU. — Ne vaut-il pas mieux avertir les Turcs ?
Le PRESIDENT WILSON. — C'est plus correct; mais cela présente des risques pour le débarquement.
M. LLOYD GEORGE (à M. Veniselos). — Pouvez-vous faire vos préparatifs secrètement ?
M. VENISELOS. — Certainement. Nous avons pu, lorsqu'on nous a demandé d'envoyer des troupes à Odessa, trouver nous-mêmes assez de tonnage pour transporter dix mille hommes. Il est vrai
512
LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
qu'ils étaient très serrés; mais le soldat grec n'est pas bien exi¬geant à ce sujet.
M. CLEMENCEAU. — Que faisons-nous ?
M. LLOYD GEORGE. — L'amiral Hope retourne en Angleterre voir ce que l'on peut faire pour le transport et, en môme temps qu'il nous en informera, il préparera les mesures d'exécution. M. Veniselos réunit, de son côté, les bateaux grecs disponibles, sans dire à quoi ils sont destinés, et donne des ordres pour pré¬parer les divisions.
M. VENISELOS. — Je répète qu'il y a une division toute prête. Nous ne pouvons pas, sans votre aide, transporter deux divisions à la fois.
M. CLEMENCEAU. — Nous ne disons rien pour le moment aux Italiens ?
M. LLOYD GEORGE. — Non. Le général Franchet d'Esperey sait-il que nous avons ce projet en tête ?
M. CLEMENCEAU. — Je ne lui ai rien dit; mais je.suis persuadé qu'il le sait, à cause des mesures de préparation qui ont"commencé.
Le PRESIDENT WILSON. — Il est important de garder toute cette affaire aussi secrète que possible.
LXVII
7 mai 1919 (Versailles) - 4 h. 20.
CONVERSATION ENTRE MM. LE PRESIDENT WILSON,
CLEMENCEAU, LLOYD GEORGE, ORLANDO, BALFOUR, LE BARON SONNINO
ET HENRY SIMON (1).
M. LLOYD GEORGE. — Nous avons donné rendez-vous à M. Si- Yion cet après-midi pour nous entendre sur la question des man¬dats en Afrique et dans le Pacifique.
M. SIMON. — J'accepterais la note fournie par le gouverne¬ment britannique, avec une réserve au sujet du Cameroun. Ce texte prévoit en effet qu'un mandat français sera établi au Came¬roun, sauf pour la partie avoisinant la Nigeria, qui donnerait lieu à une rectification de frontière en faveur de l'Empire britannique. Je crois que cette division ne serait pas sans inconvénient pour le mandataire.
Le PRESIDENT WILSON. —.Nous ne réglons pas la question en ce moment; il s'agit seulement de porter une proposition devant la Société des Nations.
M. SIMON. — C'est exact; mais si nous acceptons de faire à la Société des Nations des recommandations communes, nous pré¬jugeons ainsi la solution. Je dois aussi faire observer que la for¬mule adoptée aurait pour effet de donner à la France un mandat de la Société des Nations sur les territoires qui lui ont été enlevés par le traité de 1911, sous la menace allemande : la France a le droit d'en demander la restitution pure et simple.
Le PRESIDENT WILSON. — S'il s'agit d'une restitution, elle aurait dû être prévue dans le traité de paix.
M. SIMON. — Le traité de paix prévoit l'abrogation des traités signés entre la France et l'Allemagne et, par conséquent, du traité de 1911. Mais il faut que cela soit précisé : il serait inacceptable que la France administrât comme mandataire des territoires qui lui ont été enlevés si récemment, alors qu'une partie du Cameroun serait purement et simplement ajoutée à la Nigeria britannique.
M. LLOYD GEORGE. — Le meilleur moyen d'y parer est d'em-
(1) H., I, p. 506 et suiv.
LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
lettre signée par MM. Clemenceau et Lloyd George qui nous a empêchés de revenir à Paris. »
Le PRESIDENT WILSON. — Nous devons faire ce qui est juste, rien de plus et rien de moins.
M. LLOYD GEORGE. — Il faut chercher à sortir de cette situa¬tion honorablement. Nous devons essayer de ramener l'Italie à nous, et, si ce n'est pas possible, établir que ce n'est pas par notre faute. J'ai peur que la publication de la lettre empêche l'un et l'autre. S'ils avaient envie de revenir, ils ne le pourront plus. En même temps, la publication aura excité l'opinion contre nous. On sait très bien que cette lettre a été écrite. Plus longtemps elle res¬tera entre les mains de M. Orlando sans être publiée, plus grand en sera l'effet. Le public britannique n'est pas avec l'Italie, mais il désire que l'affaire s'arrange.
Le PRESIDENT WILSON. — L'opinion publique américaine s'in¬téresse vivement à ce différend et ne comprend pas pourquoi les Etats-Unis paraissent isolés. Il me semble que pour le monde entier l'appui de l'opinion américaine est plus important que celui de l'opinion italienne.
M. LLOYD GEORGE. — Beaucoup plus, je le reconnais.
Le PRESIDENT WILSON. — J'ai causé avec beaucoup de gens qui connaissent l'Italie mieux que je ne la connais moi-même. Ils pensent que le seul moyen d'aboutir à un résultat satisfaisant est de montrer à l'Italie qu'elle ne peut compter sur aucun appui extérieur. Si vous lui laissez l'espoir d'un compromis sur la ques¬tion de Fiume, elle continuera à manœuvrer et à faire des cam¬pagnes de presse qui auront pour efTet de séparer de plus en plus l'opinion américaine de l'opinion européenne. La lettre préparée par M. Bal four, portant les signatures de M. Clemenceau et de M. Lloyd George, montrera à l'Italie qu'elle est dans une situation impossible et qu'elle risque un isolement complet.
En attendant, nous avons à continuer nos travaux, avec le danger de prendre, en l'absence de l'Italie, des décisions contraires à ses intérêts. C'est pour nous un embarras et cela nous pose des questions de conscience continuelles tant que la situation ne sera pas éclaircie.
M. LLOYD GEORGE. — La décision de publier cette déclaration est une décision grave. Je ne crois pas que l'opinion italienne puisse s'imaginer que les Etats-Unis sont isolés, car je sais qu'il existe en Italie un sentiment très fort contre l'opinion britannique. Cela est dû principalement à l'attitude du Times, qui est toujours considéré en Italie comme un organe semi-officiel, quoiqu'il ait tout à fait cessé de l'être.
On me fait savoir que, dans plusieurs villes d'Italie, des sol-
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dats anglais ont été insultés dans les rues. L'Italie nous croit d'ac¬cord avec les Etats-Unis. S'il y a une impression contraire en Amérique, cela vient de Hearst et de la presse qu'il dirige : c'est le jeu qu'il a toujours joué pour nous diviser, dans l'intérêt des Allemands. Je crois plutôt que l'Angleterre est considérée comme plus favorable qu'elle ne l'est aux Yougoslaves : la masse de l'opi¬nion en Angleterre ne sait que fort peu de chose sur eux et ne s'intéresse pas beaucoup à eux.
Si je croyais que cette publication force l'Italie à prendre une décision, je serais d'avis de la faire immédiatement; je crains au contraire qu'elle ne prolonge la crise. Il faut que l'Italie revienne, et revienne volontairement. Cette publication peut au contraire causer une crise qui enverra ici Giolitti ou Tittoni, qui joueraient parmi nous le rôle d'espions de l'Allemagne : c'est celui que Tittoni a déjà joué pendant la guerre. Nous étions bien obligés de le recevoir dans nos conseils; mais on se disait à l'oreille : « Chut... Tittoni est là... »
Rappelez-vous que le marquis Imperiali vient de nous faire savoir qu'il a télégraphié à M. Orlando au sujet de cette publi¬cation et que M. Orlando a dit que son plus grand désir était qu'elle n'eut pas lieu.
Le PRESIDENT WILSON. — L'impression dominante en Améri¬que est que les Etats-Unis ne sont pas soutenus dans cette affaire, ou, du moins, qu'ils ne le sont pas ouvertement. Je crois que vous prolongerez plus la situation actuelle par votre silence que par votre action. En jetant un cristal dans un liquide, on le fait parfois cristalliser tout entier.
M. LLOYD GEORGE. — Quelquefois aussi, on provoque une explosion.
Le PRESIDENT WILSON. — L'explosion s'est déjà produite. La crainte de nous voir négocier avec les Allemands sans l'Italie agira sur l'esprit des Italiens. Je vois d'autre part qu'ils envoient des bateaux à Fiume et à Smyrne. Je puis envoyer, soit à Fiume, soit à Smyrne, notre plus grand cuirassé, le George Washington, qui est maintenant à Brest. Si je le fais, cela peut produire un résultat — et loin de moi le désir que ce résultat soit la guerre. Mais l'atti¬tude de l'Italie est indubitablement agressive; elle crée une menace à la paix, au milieu même de la Conférence de la paix dont l'Italie faisait partie et d'où elle s'est retirée.
M. LLOYD GEORGE. — Une dépêche reçue par M. Veniselos, qui nous en a fait part, indique qu'il y a une entente, en Asie Mineure, entre les Italiens et les Turcs, qui reprennent contre les Grecs leur politique de terrorisme. M. Veniselos nous demande
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M. LLOYD GEORGE. — Ces renseignements ne nous ont pas été
communiqués. Mais comme il n'y a plus en Bulgarie que des
troupes d'occupation italiennes, si les culasses des canons sont à
Sofia entre leurs mains, ce n'est pas une garantie.
J'aurais souhaité que vous envoyiez là-bas le général Henrys.
Vous croyez toujours que j'ai un préjugé contre le général Fran-
chet d'Esperey. Mais ce n'est pas un homme très sage.
M. CLEMENCEAU. — J'ai pleine confiance dans le général Henrys.
Je peux envoyer au général Franchet d'Esperey l'ordre de faire
immédiatement saisir les culasses.
M. LLOYD GEORGE. — Les Italiens n'agiront pas eux-mêmes;
ils feront agir les Bulgares. Si nous pouvions retirer les troupes
d'occupation anglaises du Caucase, nous les enverrions en Bul-
garie. C'est une des questions que je voulais poser ce matin. Nous
allons nous trouver en présence d'un fait accompli : les Italiens
seront en Anatolie. Le seul moyen d'y parer, c'est de régler le plus
tôt possible la question des mandats et de régler immédiatement
la question de l'occupation. Cela nous permettra de quitter le
Caucase et d'envoyer des troupes en Bulgarie; les Américains
occuperont Constantinople et les Français, la Syrie. Nous devons
laisser les Grecs occuper Smyrne. Il y a là des massacres qui
commencent et personne pour protéger la population grecque.
M. CLEMENCEAU. — Savez-vous combien de bateaux l'Italie a
maintenant devant Smyrne ? Elle en a sept.
M. LLOYD GEORGE. — Il ^YAJI^mieux décider tout cela entre
nous avant le retour des Italiens. Autrement, je suis persuadé
qu'ils nous devanceront.
M. CLEMENCEAU. — J'y suis tout prêt. Il faut en effet qu'ils
trouvent nos décisions prises.
M. LLOYD GEORGE (à Sir Henry Wilson). — Ne pensez-vous '
pas qu'il faudrait occuper aussi l'Arménie sans tarder ?
Sir Henry WILSON. — C'est difficile.
M. LLOYD GEORGE. — Même à partir de Trébizonde ?
M. CLEMENCEAU. — Il n'y a pas de difficulté en ce moment en
Arménie.
Sir Henry WILSON. — Il ne faut pas oublier qu'à l'heure ac-
tuelle, il existe une convention entre nous et les Italiens pour leur
confier l'occupation du Caucase.
Le PRESIDENT WILSON. — Je n'aimerais guère les y voir en ce
moment.
M. LLOYD GEORGE. — Cela est dans un document écrit qui
devait servir de base au règlement des zones d'occupation.
Le PRESIDENT WILSON. — Il s'agit d'un document préparé par
les experts militaires, qui n'a pas été signé par nous.
U «
Sir Henry WILSON. — En tout cas, il faut quelqu'un au Cau¬case si nous nous en allons; autrement, ce sera la guerre entre les différentes populations et le massacre général.
M. LLOYD GEORGE. — Sans oublier les Bolcheviks, et même Denikine, qui, en ce moment, paraît chercher à s'emparer de la Géorgie.
Le PRESIDENT WILSON. — Quel serait l'effet de la présence des Italiens ?
M. LLOYD GEORGE. — Aussi mauvais que possible. Il est impor¬tant de fixer les zones d'occupation : il y a urgence.
M. CLEMENCEAU. — Nous pouvons régler dès aujourd'hui la question du désarmement des Bulgares et de l'occupation de la Bulgarie.
M. LLOYD GEORGE. — Je souhaite que vous envoyiez là-bas le général Hcnrys.
M. CLEMENCEAU. — C'est une chose possible.
M. LLOYD GEORGE. — Je demanderai aux Américains d'occu¬per le Caucase, sans quoi ce sont les Italiens qui le feront. Quant à nous, nous n'avons déjà que trop de charges. On nous accuse toujours de vouloir de nouveaux territoires. Le Caucase a des ressources immenses; mais c'est un fardeau sur nos épaules.
Le PRESIDENT WILSON. — En retirant, aux Italiens quelque chose qui paraît leur avoir été promis, vous augmentez les dangers de conflit.
M. LLOYD GEORGE. — Les Italiens ont 30.000 hommes en Bul¬garie; ils veulent faire pression sur nous. Nous démobilisons, vous retournez en Amérique et l'Italie reste armée. Elle peut, dans quelques mois nous mettre en présence du fait accompli, ayant occupé la plus grande partie de l'Asie Mineure, et prendre même une attitude agressive dans les Balkans. Je suis d'avis de prendre les devants, et de les mettre eux-mêmes en présence du fait accompli. Pour cela, il faut une décision immédiate. Provoquons une réunion de nos experts militaires et navals, qui reverront cette question des zones d'occupation en Turquie.
M. CLEMENCEAU. — Nous y enverrons volontiers nos experts.
M. LLOYD GEORGE. — L'amiral de Bon est un de vos meilleurs conseillers; j'ai beaucoup d'estime pour son jugement.
M. CLEMENCEAU. — M. Pichon demande s'il y a objection à la publication de la note qui lui a été communiquée par le comte Bonin. Si vous êtes d'accord avec moi, nous ferons annoncer seu¬lement que les Italiens reviennent à Paris.
Sir Henry WILSON. — Je provoquerai donc, selon vos instruc¬tions, une réunion des experts militaires et navals.
"M. LLOYD GEORGE. — J'ai vu il y a quelques jours un de mes
498 LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
M. LLOYD GEORGE. — En attendant, si nous les laissons faire, les Italiens auront occupé toute l'Anatolie. Nous n'avons même pas encore discuté entre nous la question des mandats pour cette partie de l'Asie.
Le PRESIDENT WILSON. — On me dit que les Turcs désirent que les pays habités par leur race ne soient pas divisés et aussi qu'il y a chez eux un mouvement en faveur d'une administration américaine.
M. LLOYD GEORGE. — Cela ne mitonnerait pas : les Améri¬cains sont, de tous les Occidentaux, ceux contre qui ils ont le moins de griefs.
Le PRESIDENT WILSON. — Je n'espère pas que l'opinion améri¬caine y consente. La haine du Turc est incroyable en Amérique. Ce que l'opinion américaine approuvera, c'est la protection des Arméniens ou de quelque population que ce soit contre les Turcs. Elle approuvera aussi l'occupation de Constantinople, si elle nous est confiée, parce que Constantinople sera par là enlevée aux Turcs. Mais j'avoue que mettre en Anatolie une puissance aussi turbulente que l'Italie me paraît dangereux, tant en ce qui con¬cerne les Turcs et leurs réactions possibles que quand je pense aux rapports qui s'établiront entre les Italiens et les mandataires voisins. Quant aux Italiens, je ne sais pas s'ils seront très satis¬faits d'avoir de grands mandats en Asie quand ils verront les charges que cela fera peser sur leur budget.
M. LLOYD GEORGE. — C'est un peu comme pour les dread- noughts que l'on propose de garder au lieu de les détruire : ceux qui les garderont verront ce qu'il leur en coûtera, rien que poul¬ies entretenir.
Le PRESIDENT WILSON. — C'est comme le yacht officiel du Président des Etats-Unis, la Mciyflower : je ne m'en sers pas quatre fois dans l'année et son entretien, avec la solde de l'équipage, coûte quelque chose comme cent mille dollars par an.
J'ai reçu aussi des nouvelles de l'Albanie : les habitants pro¬testent contre l'idée d'être soumis d'une façon permanente à un protectorat italien.
M. LLOYD GEORGE. — L'histoire du protectorat italien en Alba¬nie est assez curieuse. Les Italiens ont agi subrepticement et sou¬dainement. Ensuite, ils ont nié avoir établi un protectorat en Albanie.
Le PRESIDENT WILSON. — Los Albanais ont horreur de l'idée d'être soumis à l'Italie. Je pense qu'il faut leur laisser leur indé¬pendance.
M. LLOYD GEORGE. — Je ne sais trop ce qu'ils en feront, si ce n'est de se couper mutuellement la gorge. Leur indépendance
LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE 499
ressemblera à celle de la Haute Ecosse au quinzième siècle.
Le PRESIDENT WILSON. — Ne dites pas de mal des montagnes d'Ecosse : c'est le pays d'origine de ma famille.
M. LLOYD GEORGE. — 11 me semble bien aussi reconnaître quelquefois le vieux sang celtique.
J'insiste de nouveau pour qu'en Asie, nous ne laissions pas l'Italie nous mettre en face du* fait accompli. Il faut que nous permettions aux Grecs de débarquer des troupes à Smyrne.
Le PRESIDENT WILSON. — Le meilleur moyen d'arrêter les entreprises des Italiens, c'est le moyen financier. Le moment peut venir où nous leur dirons que s'ils n'évacuent pas tel ou tel terri¬toire, ils ne doivent pas attendre de nous de leur fournir l'argent nécessaire pour s'y maintenir.
M. LLOYD GEORGE. — Avons-nous jamais empêché les Turcs et les puissances balkaniques de faire la guerre, quoiqu'ils aient toujours souffert du manque d'argent ? Mon avis est qu'il faut dire à M. Veniselos d'envoyer des troupes à Smyrne. Nous don¬nerons à nos amiraux l'instruction de laisser les Grecs débarquer partout où il y a une menace de troubles ou de massacres.
Le PRESIDENT WILSON. — Pourquoi ne pas leur dire de débar¬quer dès maintenant ? Avez-vous une objection ?
M. LLOYD GEORGE. — Aucune.
M. CLEMENCEAU. — Je n'en ai pas non plus. Mais faut-il avertir les Italiens ?
M. LLOYD GEORGE. — Ce n'est pas mon avis.
Je reçois à l'instant une note de M. Balfour : le gouvernement italien fait demander que la séance de demain soit retardée de vingt-quatre heures et que le nom de l'Italie soit rétabli dans le texte imprimé du traité. En ce qui me concerne, j'estime que nous n'avons pas à retarder le rendez-vous que nous avons donné aux plénipotentiaires allemands. Si les Italiens n'y sont pas, ce n'est pas notre faute.
M. CLEMENCEAU. — Nous les avons suffisamment avertis avant leur départ pour Rome.
Le PRESIDENT WILSON. — A-t-on le temps de remettre leur nom dans le traité ?
M. LLOYD GEORGE. — Mon avis est de laisser le traité tel qu'il est et d'y ajouter à la plume le nom de l'Italie partout où il le faudra, quand les plénipotentiaires italiens seront ici. Jusqu'à pré¬sent, ils nous ont fait savoir seulement qu'ils « espéraient » pou¬voir assister à la séance de demain. Nous ne savons pas s'ils pose¬ront des conditions avant do s'y rendre. Dans cette situation, il me paraît provisoirement impossible de rétablir le nom de l'Italie dans le texte du traité. (Assentiment.)
LXVI
7 mai 1919 - midi.
CONVERSATION ENTRE MM. LE PRESIDENT WILSON.
CLEMENCEAU, LLOYD GEORGE, VENISELOS, V
L'AMIRAL GEORGE P. HOPE ET LE GENERAL SIR HENRY WILSON (1).\
M. CLEMENCEAU (à M. Veniselos). — Nous envisageons le dé-
barquement de troupes grecques à Smyrne, pour empêcher des
massacres et devancer un débarquement italien. Le général Fran-
chet d'Esperey nous dit que vous n'avez pas de troupes prêtes
pour un débarquement.
M. VENISELOS. — Nous avons en Macédoine une division qui
avait été préparée pour être envoyée en Russie.
M. LLOYD GEORGE. — Est-ce tout ce que vous pouvez envoyer
à Smyrne ?
M. VENISELOS. — Nous pouvons prendre deux divisions en
Macédoine sans aucune difficulté. Mais, dans ce cas, nous ne pour-
rions agir éventuellement en Thrace qu'en retirant les-troupes
que nous avons en Bessarabie.
M. CLEMENCEAU. — Il ne s'agit pas d'agir en Thrace; nous ne
le désirons pas, car cela créerait un conflit immédiat avec les
Bulgares.
M. LLOYD GEORGE (à l'amiral Hope). — Pouvez-vous nous dire
dans quel délai nous pourrions trouver les moyens de transport
pour deux divisions grecques qui seraient envoyées de la Macé-
doine à Smyrne ?
L'Amiral HOPE. — Je n'ai pas les renseignements nécessaires,
mais je puis vous les procurer dans la journée.
Le PRESIDENT WILSON. — En tout cas, il faut préparer les divi-
sions grecques.
M. VENISELOS. — Il y en a une qui est toute prête à embar-
quer à Cavalla.
M. LLOYD GEORGE. — Peut-on embarquer là 9
L'Amiral HOPE. — Oui, parce que cette division n'a que des
(1) H., I, p. 501 et suiv.
LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
511
canons de montagne. L'embarquement serait impossible avec de l'artillerie lourde.
Le PRESIDENT WILSON. — Quel est l'effectif de vos divisions grecques ?
M. VENISELOS. — Seize mille hommes, dont neuf mille fantas¬sins. Les divisions turques, à la fin de la guerre, étaient — et elles sont encore — très diminuées.
M. LLOYD GEORGE. — Ne pouvez-vous pas découvrir quelles forces les Turcs ont, soit à Smyrne, soit dans la région ?
Le PRESIDENT WILSON. — Aux termes de l'armistice, les Turcs ne doivent pas faire de résistance, car l'armistice nous donne le droit d'envoyer des troupes partout où nous estimons qu'il y a danger pour un des Alliés. La Grèce est un Etat allié.
M. VENISELOS. — Il y a d'ailleurs trente mille sujets du royau¬me de Grèce dans la ville de Smyrne.
Le Général Sir Henry WILSON. — Je ferai observer que, comme l'armistice réserve le droit d'occupation aux Alliés, les Italiens pourront, s'ils voient débarquer des Grecs, débarquer eux aussi des troupes.
Le PRESIDENT WILSON. — Si les Grecs débarquent avec notre mandat, les Italiens ne peuvent faire un débarquement sans s'être î entendus avec nous ou sans provoquer un incident grave.
Le Général Sir Henry WILSON. — Je pense que les troupes grecques envoyées à Smyrne resteront sous le commandement du chef de l'armée d'Orient, et non du général Allenby ?
M. LLOYD GEORGE. — Il vaut mieux ne pas mêler Allenby à cette affaire.
M. VENISELOS. — Il est important de faire en sorte que les Turcs ne soient avertis qu'au dernier moment. Si les officiers turcs, que je connais bien, n'ont pas reçu l'ordre de résister, ils ne feront aucune résistance. Quant à la population do Smyrne, son attitude sera très amicale.
M. LLOYD GEORGE. — N'y a-t-il pas toujours danger que les forts turcs de la rade tirent sur les troupes grecques ?
M. VENISELOS. — Ce danger n'existe pas si nos troupes entrent dans la rade sur des transports battant pavillon des Alliés.
M. CLEMENCEAU. — Ne vaut-il pas mieux avertir les Turcs ?
Le PRESIDENT WILSON. — C'est plus correct; mais cela présente des risques pour le débarquement.
M. LLOYD GEORGE (à M. Veniselos). — Pouvez-vous faire vos préparatifs secrètement ?
M. VENISELOS. — Certainement. Nous avons pu, lorsqu'on nous a demandé d'envoyer des troupes à Odessa, trouver nous-mêmes assez de tonnage pour transporter dix mille hommes. Il est vrai
512
LES DELIBERATIONS DU CONSEIL DES QUATRE
qu'ils étaient très serrés; mais le soldat grec n'est pas bien exi¬geant à ce sujet.
M. CLEMENCEAU. — Que faisons-nous ?
M. LLOYD GEORGE. — L'amiral Hope retourne en Angleterre voir ce que l'on peut faire pour le transport et, en môme temps qu'il nous en informera, il préparera les mesures d'exécution. M. Veniselos réunit, de son côté, les bateaux grecs disponibles, sans dire à quoi ils sont destinés, et donne des ordres pour pré¬parer les divisions.
M. VENISELOS. — Je répète qu'il y a une division toute prête. Nous ne pouvons pas, sans votre aide, transporter deux divisions à la fois.
M. CLEMENCEAU. — Nous ne disons rien pour le moment aux Italiens ?
M. LLOYD GEORGE. — Non. Le général Franchet d'Esperey sait-il que nous avons ce projet en tête ?
M. CLEMENCEAU. — Je ne lui ai rien dit; mais je.suis persuadé qu'il le sait, à cause des mesures de préparation qui ont"commencé.
Le PRESIDENT WILSON. — Il est important de garder toute cette affaire aussi secrète que possible.
LXVII
7 mai 1919 (Versailles) - 4 h. 20.
CONVERSATION ENTRE MM. LE PRESIDENT WILSON,
CLEMENCEAU, LLOYD GEORGE, ORLANDO, BALFOUR, LE BARON SONNINO
ET HENRY SIMON (1).
M. LLOYD GEORGE. — Nous avons donné rendez-vous à M. Si- Yion cet après-midi pour nous entendre sur la question des man¬dats en Afrique et dans le Pacifique.
M. SIMON. — J'accepterais la note fournie par le gouverne¬ment britannique, avec une réserve au sujet du Cameroun. Ce texte prévoit en effet qu'un mandat français sera établi au Came¬roun, sauf pour la partie avoisinant la Nigeria, qui donnerait lieu à une rectification de frontière en faveur de l'Empire britannique. Je crois que cette division ne serait pas sans inconvénient pour le mandataire.
Le PRESIDENT WILSON. —.Nous ne réglons pas la question en ce moment; il s'agit seulement de porter une proposition devant la Société des Nations.
M. SIMON. — C'est exact; mais si nous acceptons de faire à la Société des Nations des recommandations communes, nous pré¬jugeons ainsi la solution. Je dois aussi faire observer que la for¬mule adoptée aurait pour effet de donner à la France un mandat de la Société des Nations sur les territoires qui lui ont été enlevés par le traité de 1911, sous la menace allemande : la France a le droit d'en demander la restitution pure et simple.
Le PRESIDENT WILSON. — S'il s'agit d'une restitution, elle aurait dû être prévue dans le traité de paix.
M. SIMON. — Le traité de paix prévoit l'abrogation des traités signés entre la France et l'Allemagne et, par conséquent, du traité de 1911. Mais il faut que cela soit précisé : il serait inacceptable que la France administrât comme mandataire des territoires qui lui ont été enlevés si récemment, alors qu'une partie du Cameroun serait purement et simplement ajoutée à la Nigeria britannique.
M. LLOYD GEORGE. — Le meilleur moyen d'y parer est d'em-
(1) H., I, p. 506 et suiv.
ΤΑΥΓΕΤΗΣ- Αριθμός μηνυμάτων : 3338
Ημερομηνία εγγραφής : 25/01/2010
Απ: ΣΥΝΘΗΚΗ ΣΕΒΡΩΝ ΕΠΙΣΗΜΑ ΠΡΑΚΤΙΚΑ ΓΙΑ ΠΑΡΑΧΩΡΗΣΗ ΣΜΥΡΝΗΣ
ΚΩΝΣΤΑΝΤΙΝΟΥ ΣΑΚΕΛΑΡΟΠΟΥΛΟΥ ΠΡΕΣΒΕΩΣ
Η ΣΚΙΑ ΤΗΣ ΔΥΣΕΩΣ ΣΕΛΙΣ 63
Πρώτη περί έλληνικής άποστολής είς τήν Μικράν Άσίαν νυξις έγινε κατά τήν συνεδρίασιν του 'Ανωτάτου Συμβουλίου της 5 Μαΐου 1919. 'Από δέκα τότε ήμερων, ό πρωθυπουργός και ό υπουργός των 'Εξωτερικών της 'Ιταλίας εΐχον, ύπό τάς εκτεθείσας συνθήκας, άναχωρήσει είς Ρώμην, και καθ' δλον τό διάστημα αύτό τό Συμβούλιον συνεδρίαζε χωρίς τήν παρουσίαν ίταλοϋ άντιπροσώπου. Έν τούτοις, άφοϋ έπεδίωξε και μα¬ταίως άνέμεινε έκκλησιν τών Συμμάχων είς τά καλά του αισθήματα, ό Orlando άπεφάσισε νά έπιστρέψη έξ ίδιας πρωτοβουλίας και κάπως μειω¬μένος είς τήν διάσκεψιν. Ή άκαμψία τών Συμμάχων και ή μεταδοθεϊσα είς αυτόν άπειλή των, δτι ενδεχομένη απουσία της ιταλικής άντιπροσω- πείας άπό τήν τελετήν της επιδόσεως είς τούς Γερμανούς τών δρων της ειρήνης θά είχε σοβαράς συνεπείας διά τήν χώραν του, ήνάγκασαν τον Ίταλόν πρωθυπουργόν ν' άλλάξη τακτικήν. 'Ακριβώς δέ κατά τήν προα- ναφερθεΐσαν συνεδρίασιν του 'Ανωτάτου Συμβουλίου άνεκοινώθη είς αυτό τηλεγράφημα, κατά τό όποιον ό Orlando μετά τοΰ Sonnino θά έφθανον
τήν μεθεπομένην, έγκαίρως ώς ήλπιζον, διά νά παραστούν είς τήν έπί- δοσιν του σχεδίου της γερμανικής συνθήκης.
'Αμέσως μετά τήν άνακοίνωσιν αυτήν και άκριβώς ένεκα της έπικει- μένης έπιστροφής τών 'Ιταλών, ό Lloyd George έσπευσε, έπί τή βάσει πληροφοριών περί υπόπτων ιταλικών κινήσεων είς τήν Τουρκίαν, νά ζη τήση τήν λήψιν σοβαρών άποφάσεων. 'Υπενθύμισε τήν μυστικότητα, μέ τήν οποίαν είχε γίνει ή ιταλική έκστρατεία είς τήν Τριπολίτιδα, και έξέ- φρασε τόν φόβον δτι όμοία έκστρατεία είς τήν Μικράν Άσίαν εύρίσκετο τότε ύπό προπαρασκευήν. 'Εφόσον δέ θά έπρεπε νά περάση πολύς άκόμη καιρός, πριν καθορισθή ή τύχη της Τουρκίας, ό "Αγγλος πρωθυπουργός έπρότεινε νά σταλούν, χωρίς άναβολήν, άμερικανικά στρατεύματα είς τήν Κωνσταντινούπολιν και τήν Άρμενίαν και γαλλικαί φρουραί είς τήν Συ- ρίαν, έν συνδυασμώ μέ τήν μεταφοράν τών βρεττανικών δυνάμεων του Καυκάσου είς τήν περιφέρειαν της Κωνσταντινουπόλεως, ώστε νά ύπάρξη ή δυνατότης άμέσου άντιδράσεως κατά ένδεχομένων ιταλικών κινήσεων (1).. Έζήτησεν έπί πλέον ό Lloyd George νά δοθή είς τούς "Ελληνας ή άδεια ν'άποστείλουν στρατόν είς Σμύρνην, δπου, καθώς είπε, οί ομογενείς των έσφάζοντο, χωρίς νά ύπάρχη κανείς διά νά τούς προστατεύση. Και έπέμεινε νά ληφθούν ολαι αύται αί άποφάσεις αυθημερόν, διότι άν ή ύπό- θεσις συνεζητεΐτο μετά τών 'Ιταλών, ούτοι θά εΰρισκον τρόπον νά προ- καταλάβουν τό Συμβούλιον.
Και ή μέν άποστολή άμερικανικών στρατευμάτων είς τήν Τουρκίαν, χώραν μέ τήν οποίαν αί Ήνωμέναι Πολιτεΐαι δέν ειχον εύρεθή εις έμπό- λεμον κατάστασιν, άπεδείχθη οχι δυνατή, χωρίς τροποποίησιν της άμερι- κανικής νομοθεσίας. Κανείς έξ άλλου έκ τών Συμμάχων δέν έδειξε διά- θεσιν ν' άντικαταταστήση τούς "Αγγλους είς τόν Καύκασον, οπόθεν ό Lloyd George και οί στρατιωτικοί του σύμβουλοι έπιμόνως έζήτουν ν' άποσύρουν τάς βρεττανικάς δυνάμεις. Και αί δυσκολίαι αύται ηΰξησαν είς μεγάλον βαθμόν τάς άνησυχίας τοΰ "Αγγλου πρωθυπουργού, ό όποιος έφάνη κατά τάς ήμέρας έκείνας κατεχόμενος άπό τήν έμμονον ίδέαν δτι οί 'Ιταλοί, αν άφήνοντο άνενόχλητοι, θά κατελάμβανον τήν Μικράν Άσίαν όλόκληρον. Άλλ'ΐση μέ τήν νευρικότητα τοΰ Lloyd George ήτο ή γαλήνη τοΰ Wilson έπαναπαυομένου είς τήν σκέψιν οτι κατείχε τό μέσον νά έπιβάλη είς δλους τάς θελήσεις του. Άπό τάς Ήνωμένας Πολιτείας και μόνον δέν άνέμενον οί 'Ιταλοί πιστώσεις ; «"Αν δέν έκάθηντο φρόνιμα, no money» έλεγε συνεχώς ό πρόεδρος.
'Επί τέλους ό Lloyd George, περιορίζων τήν συζήτησιν είς τήν πε- ριοχήν της Σμύρνης, έζήτησε τήν 6 Μαΐου και πάλιν νά έπιτραπή ή ύπό τοΰ Βενιζέλου άποστολή έκεΐ δύο ή τριών μεραρχιών, χάριν της προστα¬σίας τών 'Ελλήνων της Τουρκίας. Είς τοΰτο μέ προθυμίαν συγκατετέθη ό Wilson, δέν έφερε δέ σοβαράς άντιρρήσεις και ό Clemenceau, μολο¬νότι δέν παρέλειψε νά ύπενθυμίση τήν συμφωνίαν τοΰ Άγιου 'Ιωάν¬νου της Μωριέννης. Ή συμφωνία ομως έκείνη δέν είχε καμμίαν άξίαν διά τόν Άμερικανόν πρόεδρον, χάρις είς τόν όποιον μάλιστα και άπεφα- σίσθη δτι ό έλληνικός στρατός δέν θά έμενε, οπως είχε προτείνει ό Lloyd George είς τόν λιμένα της Σμύρνης, έπί τών πλοίων, έτοιμος ν' άποβιβασθη μόνον αν παρουσιάζετο άνάγκη, άλλά θά άπεβιβάζετο αμέσως. Διότι, οπως είπε ό Wilson δέν ειναι ποτέ καλόν δια τούς στρα-
τιώτας νά κρατουνται έπί των πλοίων.
1. Ή Κωνσταντινούπολις δέν είχε άκόμη τότε καταληψθή στρατιωτικως ύπό τών Συμ¬μάχων, οΰτε και προέβλεπε τοΰτο ή συνθήκη ανακωχής. Άλλ' ή Ιταλία είχε έπανειλη- μένως δείξει διαθέσεις νά στείλη έκεΐ στρατόν, έξ ου και αί σχετικαΐ άνησυχίαι τοΰ Iyloyd George.
Η ΣΚΙΑ ΤΗΣ ΔΥΣΕΩΣ ΣΕΛΙΣ 63
Πρώτη περί έλληνικής άποστολής είς τήν Μικράν Άσίαν νυξις έγινε κατά τήν συνεδρίασιν του 'Ανωτάτου Συμβουλίου της 5 Μαΐου 1919. 'Από δέκα τότε ήμερων, ό πρωθυπουργός και ό υπουργός των 'Εξωτερικών της 'Ιταλίας εΐχον, ύπό τάς εκτεθείσας συνθήκας, άναχωρήσει είς Ρώμην, και καθ' δλον τό διάστημα αύτό τό Συμβούλιον συνεδρίαζε χωρίς τήν παρουσίαν ίταλοϋ άντιπροσώπου. Έν τούτοις, άφοϋ έπεδίωξε και μα¬ταίως άνέμεινε έκκλησιν τών Συμμάχων είς τά καλά του αισθήματα, ό Orlando άπεφάσισε νά έπιστρέψη έξ ίδιας πρωτοβουλίας και κάπως μειω¬μένος είς τήν διάσκεψιν. Ή άκαμψία τών Συμμάχων και ή μεταδοθεϊσα είς αυτόν άπειλή των, δτι ενδεχομένη απουσία της ιταλικής άντιπροσω- πείας άπό τήν τελετήν της επιδόσεως είς τούς Γερμανούς τών δρων της ειρήνης θά είχε σοβαράς συνεπείας διά τήν χώραν του, ήνάγκασαν τον Ίταλόν πρωθυπουργόν ν' άλλάξη τακτικήν. 'Ακριβώς δέ κατά τήν προα- ναφερθεΐσαν συνεδρίασιν του 'Ανωτάτου Συμβουλίου άνεκοινώθη είς αυτό τηλεγράφημα, κατά τό όποιον ό Orlando μετά τοΰ Sonnino θά έφθανον
τήν μεθεπομένην, έγκαίρως ώς ήλπιζον, διά νά παραστούν είς τήν έπί- δοσιν του σχεδίου της γερμανικής συνθήκης.
'Αμέσως μετά τήν άνακοίνωσιν αυτήν και άκριβώς ένεκα της έπικει- μένης έπιστροφής τών 'Ιταλών, ό Lloyd George έσπευσε, έπί τή βάσει πληροφοριών περί υπόπτων ιταλικών κινήσεων είς τήν Τουρκίαν, νά ζη τήση τήν λήψιν σοβαρών άποφάσεων. 'Υπενθύμισε τήν μυστικότητα, μέ τήν οποίαν είχε γίνει ή ιταλική έκστρατεία είς τήν Τριπολίτιδα, και έξέ- φρασε τόν φόβον δτι όμοία έκστρατεία είς τήν Μικράν Άσίαν εύρίσκετο τότε ύπό προπαρασκευήν. 'Εφόσον δέ θά έπρεπε νά περάση πολύς άκόμη καιρός, πριν καθορισθή ή τύχη της Τουρκίας, ό "Αγγλος πρωθυπουργός έπρότεινε νά σταλούν, χωρίς άναβολήν, άμερικανικά στρατεύματα είς τήν Κωνσταντινούπολιν και τήν Άρμενίαν και γαλλικαί φρουραί είς τήν Συ- ρίαν, έν συνδυασμώ μέ τήν μεταφοράν τών βρεττανικών δυνάμεων του Καυκάσου είς τήν περιφέρειαν της Κωνσταντινουπόλεως, ώστε νά ύπάρξη ή δυνατότης άμέσου άντιδράσεως κατά ένδεχομένων ιταλικών κινήσεων (1).. Έζήτησεν έπί πλέον ό Lloyd George νά δοθή είς τούς "Ελληνας ή άδεια ν'άποστείλουν στρατόν είς Σμύρνην, δπου, καθώς είπε, οί ομογενείς των έσφάζοντο, χωρίς νά ύπάρχη κανείς διά νά τούς προστατεύση. Και έπέμεινε νά ληφθούν ολαι αύται αί άποφάσεις αυθημερόν, διότι άν ή ύπό- θεσις συνεζητεΐτο μετά τών 'Ιταλών, ούτοι θά εΰρισκον τρόπον νά προ- καταλάβουν τό Συμβούλιον.
Και ή μέν άποστολή άμερικανικών στρατευμάτων είς τήν Τουρκίαν, χώραν μέ τήν οποίαν αί Ήνωμέναι Πολιτεΐαι δέν ειχον εύρεθή εις έμπό- λεμον κατάστασιν, άπεδείχθη οχι δυνατή, χωρίς τροποποίησιν της άμερι- κανικής νομοθεσίας. Κανείς έξ άλλου έκ τών Συμμάχων δέν έδειξε διά- θεσιν ν' άντικαταταστήση τούς "Αγγλους είς τόν Καύκασον, οπόθεν ό Lloyd George και οί στρατιωτικοί του σύμβουλοι έπιμόνως έζήτουν ν' άποσύρουν τάς βρεττανικάς δυνάμεις. Και αί δυσκολίαι αύται ηΰξησαν είς μεγάλον βαθμόν τάς άνησυχίας τοΰ "Αγγλου πρωθυπουργού, ό όποιος έφάνη κατά τάς ήμέρας έκείνας κατεχόμενος άπό τήν έμμονον ίδέαν δτι οί 'Ιταλοί, αν άφήνοντο άνενόχλητοι, θά κατελάμβανον τήν Μικράν Άσίαν όλόκληρον. Άλλ'ΐση μέ τήν νευρικότητα τοΰ Lloyd George ήτο ή γαλήνη τοΰ Wilson έπαναπαυομένου είς τήν σκέψιν οτι κατείχε τό μέσον νά έπιβάλη είς δλους τάς θελήσεις του. Άπό τάς Ήνωμένας Πολιτείας και μόνον δέν άνέμενον οί 'Ιταλοί πιστώσεις ; «"Αν δέν έκάθηντο φρόνιμα, no money» έλεγε συνεχώς ό πρόεδρος.
'Επί τέλους ό Lloyd George, περιορίζων τήν συζήτησιν είς τήν πε- ριοχήν της Σμύρνης, έζήτησε τήν 6 Μαΐου και πάλιν νά έπιτραπή ή ύπό τοΰ Βενιζέλου άποστολή έκεΐ δύο ή τριών μεραρχιών, χάριν της προστα¬σίας τών 'Ελλήνων της Τουρκίας. Είς τοΰτο μέ προθυμίαν συγκατετέθη ό Wilson, δέν έφερε δέ σοβαράς άντιρρήσεις και ό Clemenceau, μολο¬νότι δέν παρέλειψε νά ύπενθυμίση τήν συμφωνίαν τοΰ Άγιου 'Ιωάν¬νου της Μωριέννης. Ή συμφωνία ομως έκείνη δέν είχε καμμίαν άξίαν διά τόν Άμερικανόν πρόεδρον, χάρις είς τόν όποιον μάλιστα και άπεφα- σίσθη δτι ό έλληνικός στρατός δέν θά έμενε, οπως είχε προτείνει ό Lloyd George είς τόν λιμένα της Σμύρνης, έπί τών πλοίων, έτοιμος ν' άποβιβασθη μόνον αν παρουσιάζετο άνάγκη, άλλά θά άπεβιβάζετο αμέσως. Διότι, οπως είπε ό Wilson δέν ειναι ποτέ καλόν δια τούς στρα-
τιώτας νά κρατουνται έπί των πλοίων.
1. Ή Κωνσταντινούπολις δέν είχε άκόμη τότε καταληψθή στρατιωτικως ύπό τών Συμ¬μάχων, οΰτε και προέβλεπε τοΰτο ή συνθήκη ανακωχής. Άλλ' ή Ιταλία είχε έπανειλη- μένως δείξει διαθέσεις νά στείλη έκεΐ στρατόν, έξ ου και αί σχετικαΐ άνησυχίαι τοΰ Iyloyd George.
ΤΑΥΓΕΤΗΣ- Αριθμός μηνυμάτων : 3338
Ημερομηνία εγγραφής : 25/01/2010
Απ: ΣΥΝΘΗΚΗ ΣΕΒΡΩΝ ΕΠΙΣΗΜΑ ΠΡΑΚΤΙΚΑ ΓΙΑ ΠΑΡΑΧΩΡΗΣΗ ΣΜΥΡΝΗΣ
Την έπομένην, 7 Μαίου, οί 'Ιταλοί έφθασαν εις Παρισίους και ενεφα¬νίσθησαν είς τήν διάσκεψιν. Κατά τάς δυο της ήμέρας έκείνης συνεδριά¬σεις του Συμβουλίου, είς τάς όποιας έλαβε μέρος και ό Orlando ουτε νύξις έγινε περί της άποφασισθείσης τήν προηγουμένην ήμέραν αποστο¬λής έλληνικοΰ στρατου εις Σμύρνην. Μεταξύ ομως των δύο συνεδριάσεων, ό Wilson, ό Clemenceau και ό Lloyd George συνήλθον εις τήν κατοικίαν του τελευταίου, έν άπουσία μεν ϊταλοΰ άντιπροσώπου, άλλ' έπί παρου¬σία του Βενιζέλου, διά νά συνεννοηθούν έπί των λεπτομερειών της άπο- στολής. Ό Βενιζέλος εδρε εύκαιρίαν νά τονίση δτι τριάκοντα χιλιάδες έλληνες υπήκοοι διέτρεχον εις τήν Σμύρνην σοβαρόν κίνδυνον έκ μέρους των Τούρκων, ένώ ό Wilson — προδίδων τά πραγματικά ελατήρια της άποφάσεως — έξεδήλωνε ίκανοποίησιν διότι ή παρουσία έκεϊ τοΰ έλληνι¬κοΰ στρατού θά έκαμνε είς τούς 'Ιταλούς άδύνατον ν' άποβιβασθοΰν, χω¬ρίς νά έλθουν είς πλήρη ρήξιν μέ τούς Συμμάχους. Έπί τοΰ ζητήματος άν περί της έλληνικής άποστολής θά προειδοποιοΰντο οί Τούρκοι, ό "Ελλην πρωθυπουργός έξέφρασε τήν γνώμην οτι θά έπρεπε νά γίνη τοΰτο ολίγον πρό της άποβάσεως, ώστε νά μή δοθη είς αύτούς καιρός νά προ¬ετοιμάσουν άντίστασιν. Κανείς έξ άλλου δέν έδωσε τήν ήμέραν έκείνην προσοχήν είς έρώτησιν τοΰ Clemenceau, άν θά προειδοποιοΰντο και οί 'Ιταλοί. Μόνον ό Lloyd George παρετήρησε γενικώς δτι δσον όλιγώτεροι έγνώριζον τό πράγμα, τόσον καλύτερα θά ήτο.
Τάς έπομένας τρεις ήμέρας, τό Άνώτατον Συμβούλιον συνεδρίασε έπανειλημμένως, παρόντος και τοΰ Orlando. Κανείς και τότε λόγος περί της άνατεθείσης είς τούς "Ελληνας έπιχειρήσεως. Τό άπόγευμα δμως της 10 Μαΐου συνήλθον — είς τήν κατοικίαν τοΰ Lloyd George και πάλιν — οί Τρεις, προσκληθέντος και τοΰ Βενιζέλου και στρατιωτικών έμπειρο- γνωμόνων. Κατά τήν συζήτησιν έπί τών λεπτομερειών της έλληνικής άπο¬στολής, ό Lloyd George έδειξε άδημονίαν νά έτοιμασθοΰν τά πάντα τό ταχύτερον. «Δέν υπάρχει καιρός γιά χάσιμο», έπανελάμβανε συνεχώς. Αύτό έκαμε τόν Βενιζέλον νά παρατηρήση δτι, εφόσον τό πράγμα ήτο τόσον επείγον, θά ήτο δυνατόν, άφοΰ έπιβιβασθοΰν τά στρατεύματα, ν' άποπλεύσουν τά μεταγωγικά, χωρίς ν' άναμείνουν τά έφόδια. «'Επί τέλους, προσέθεσε, πρόκειται άπλώς νά καταληφθη μία πόλις, δχι νά διεξαχθούν μεγάλαι στρατιωτικοί έπιχειρήσεις». Ό στρατηγός Bliss ομως άνεκίνησε τό ζήτημα της ένημερώσεως τών 'Ιταλών και τών Τούρ¬κων. Μή έγκαιρος προειδοποίησίς των, είπε, θά ηυξανε τούς κινδύ¬νους συγκρούσεως και θά ήτο δυνατόν νά φέρη καταστροφήν. Άλλ' ό Lloyd George δέν έφοβεΐτο δτι οί 'Ιταλοί θά άνθίσταντο. Έφοβεΐτο μόνον δτι θά έξώθουν τούς Τούρκους νά πολεμήσουν. Καί έζήτησε έπί τοΰ ση¬μείου αύτοΰ τήν γνώμην τοΰ Βενιζέλου. Ό Έλλην πρωθυπουργός δέν συνεφώνησε μέ τάς άντιλήψεις τοΰ 'Αμερικανού στρατηγοΰ. "Αν οί 'Ιτα¬λοί είδοποιοΰντο έκ τών προτέρων, θά έπληροφόρουν τούς Τούρκους. Ώς πρός τούς τελευταίους, δέν θά έπρεπε νά μάθουν τήν άπόβασιν παρά δώδεκα ώρας πριν πραγματοποιηθη. Καί τότε άκόμη θά έλέγετο είς αύτούς άορίστως δτι θ' άπεβιβάζοντο στρατεύματα συμμαχικά.
"Αλλο ομως ζήτημα πρέκυψε κατά τήν συζήτησιν. "Αν ό 'Ιταλός ναύαρ¬χος δέν είχε όδηγίας, πώς θά συνέπραττε είς τήν έπιχείρησιν ; Χωρίς ν' άπαντήση είς τήν έρώτησιν, ό πρόεδρος Wilson έδήλωσε δτι άπέκρουε κατηγορηματικώς άπόβασιν τών 'Ιταλών είς Σμύρνην, προκαλέσας έκ μέ¬ρους τοΰ όμωνύμου του "Αγγλου στρατηγού τήν παρατήρησιν δτι θά έδη- μιουργεΐτο δυσάρεστος κατάστασις, άν οί 'Ιταλοί έπεχείρουν νά κάμουν άπόβασιν. θά έδίδοντο είς τόν "Αγγλον ναύαρχον όδηγίαι νά τούς έμπο δίση ; 'Αλλ' ό Βενιζέλος δέν έπίστευε δτι ό 'Ιταλός ναύαρχος θ' άντε- τάσσετο είς τόν Βρεττανόν άρχηγόν τών συμμαχικών δυνάμεων, εκτός άν είχε διαταγάς της κυβερνήσεώς του. Επομένως, άν οί 'Ιταλοί εΐδοποιοΰντο μερικάς μόνον ώρας πρό της άποβάσεως, ολα θά έπήγαιναν καλά. Έν τούτοις, οί στρατιωτικοί έμπειρογνώμονες δέν εΐχον άκόμη πεισθή. Δώ¬δεκα ώρών προειδοποίησις ήτο κατ' αύτούς άνεπαρκής. Δέν θά έδιδεν είς τήν τουρκικήν κυβέρνησιν τόν καιρόν ν' άποστείλη όδηγίας και οί διοικηταί τών φρουρίων θά ήσαν δικαιολογημένοι άν άνθίσταντο. Ό Βε¬νιζέλος έπρότεινε τότε — και έγινε δεκτόν — νά ζητηθή, σύμφωνα μέ τούς δρους της άνακωχής, ή παράδοσις είς τούς Συμμάχους τών φρου¬ρίων της Σμύρνης, 36 ώρας πριν άρχίση ή ελληνική έπιχείρησις. Είκοσι τέσσαρας ώρας άργότερα θά εΐδοποιοΰντο οί Τούρκοι δτι συμμαχικά στρατεύματα έμελλον ν' άποβιβασθοΰν είς Σμύρνην, χάριν της τάξεως. "Ας προστεθή οτι, οπως άπό τήν σχετικήν μακράν συζήτησιν προέκυψε, περί τών φρουρίων της Σμύρνης δέν ήτο τίποτε άλλο είς τούς έμπειρο-
γνώμονας τών Συμμάχων γνωστόν, έκτός τοΰ οτι ήσαν ταΰτα δύο.
Τάς έπομένας τρεις ήμέρας, τό Άνώτατον Συμβούλιον συνεδρίασε έπανειλημμένως, παρόντος και τοΰ Orlando. Κανείς και τότε λόγος περί της άνατεθείσης είς τούς "Ελληνας έπιχειρήσεως. Τό άπόγευμα δμως της 10 Μαΐου συνήλθον — είς τήν κατοικίαν τοΰ Lloyd George και πάλιν — οί Τρεις, προσκληθέντος και τοΰ Βενιζέλου και στρατιωτικών έμπειρο- γνωμόνων. Κατά τήν συζήτησιν έπί τών λεπτομερειών της έλληνικής άπο¬στολής, ό Lloyd George έδειξε άδημονίαν νά έτοιμασθοΰν τά πάντα τό ταχύτερον. «Δέν υπάρχει καιρός γιά χάσιμο», έπανελάμβανε συνεχώς. Αύτό έκαμε τόν Βενιζέλον νά παρατηρήση δτι, εφόσον τό πράγμα ήτο τόσον επείγον, θά ήτο δυνατόν, άφοΰ έπιβιβασθοΰν τά στρατεύματα, ν' άποπλεύσουν τά μεταγωγικά, χωρίς ν' άναμείνουν τά έφόδια. «'Επί τέλους, προσέθεσε, πρόκειται άπλώς νά καταληφθη μία πόλις, δχι νά διεξαχθούν μεγάλαι στρατιωτικοί έπιχειρήσεις». Ό στρατηγός Bliss ομως άνεκίνησε τό ζήτημα της ένημερώσεως τών 'Ιταλών και τών Τούρ¬κων. Μή έγκαιρος προειδοποίησίς των, είπε, θά ηυξανε τούς κινδύ¬νους συγκρούσεως και θά ήτο δυνατόν νά φέρη καταστροφήν. Άλλ' ό Lloyd George δέν έφοβεΐτο δτι οί 'Ιταλοί θά άνθίσταντο. Έφοβεΐτο μόνον δτι θά έξώθουν τούς Τούρκους νά πολεμήσουν. Καί έζήτησε έπί τοΰ ση¬μείου αύτοΰ τήν γνώμην τοΰ Βενιζέλου. Ό Έλλην πρωθυπουργός δέν συνεφώνησε μέ τάς άντιλήψεις τοΰ 'Αμερικανού στρατηγοΰ. "Αν οί 'Ιτα¬λοί είδοποιοΰντο έκ τών προτέρων, θά έπληροφόρουν τούς Τούρκους. Ώς πρός τούς τελευταίους, δέν θά έπρεπε νά μάθουν τήν άπόβασιν παρά δώδεκα ώρας πριν πραγματοποιηθη. Καί τότε άκόμη θά έλέγετο είς αύτούς άορίστως δτι θ' άπεβιβάζοντο στρατεύματα συμμαχικά.
"Αλλο ομως ζήτημα πρέκυψε κατά τήν συζήτησιν. "Αν ό 'Ιταλός ναύαρ¬χος δέν είχε όδηγίας, πώς θά συνέπραττε είς τήν έπιχείρησιν ; Χωρίς ν' άπαντήση είς τήν έρώτησιν, ό πρόεδρος Wilson έδήλωσε δτι άπέκρουε κατηγορηματικώς άπόβασιν τών 'Ιταλών είς Σμύρνην, προκαλέσας έκ μέ¬ρους τοΰ όμωνύμου του "Αγγλου στρατηγού τήν παρατήρησιν δτι θά έδη- μιουργεΐτο δυσάρεστος κατάστασις, άν οί 'Ιταλοί έπεχείρουν νά κάμουν άπόβασιν. θά έδίδοντο είς τόν "Αγγλον ναύαρχον όδηγίαι νά τούς έμπο δίση ; 'Αλλ' ό Βενιζέλος δέν έπίστευε δτι ό 'Ιταλός ναύαρχος θ' άντε- τάσσετο είς τόν Βρεττανόν άρχηγόν τών συμμαχικών δυνάμεων, εκτός άν είχε διαταγάς της κυβερνήσεώς του. Επομένως, άν οί 'Ιταλοί εΐδοποιοΰντο μερικάς μόνον ώρας πρό της άποβάσεως, ολα θά έπήγαιναν καλά. Έν τούτοις, οί στρατιωτικοί έμπειρογνώμονες δέν εΐχον άκόμη πεισθή. Δώ¬δεκα ώρών προειδοποίησις ήτο κατ' αύτούς άνεπαρκής. Δέν θά έδιδεν είς τήν τουρκικήν κυβέρνησιν τόν καιρόν ν' άποστείλη όδηγίας και οί διοικηταί τών φρουρίων θά ήσαν δικαιολογημένοι άν άνθίσταντο. Ό Βε¬νιζέλος έπρότεινε τότε — και έγινε δεκτόν — νά ζητηθή, σύμφωνα μέ τούς δρους της άνακωχής, ή παράδοσις είς τούς Συμμάχους τών φρου¬ρίων της Σμύρνης, 36 ώρας πριν άρχίση ή ελληνική έπιχείρησις. Είκοσι τέσσαρας ώρας άργότερα θά εΐδοποιοΰντο οί Τούρκοι δτι συμμαχικά στρατεύματα έμελλον ν' άποβιβασθοΰν είς Σμύρνην, χάριν της τάξεως. "Ας προστεθή οτι, οπως άπό τήν σχετικήν μακράν συζήτησιν προέκυψε, περί τών φρουρίων της Σμύρνης δέν ήτο τίποτε άλλο είς τούς έμπειρο-
γνώμονας τών Συμμάχων γνωστόν, έκτός τοΰ οτι ήσαν ταΰτα δύο.
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Τήν ίδίαν ήμέραν συνήλθε άργότερα, μέ συμμετοχήν και τοΰ Orlando τό 'Ανώτατον Συμβούλιον. Περί της έλληνικής άποστολής ουτε λέξις και πά¬λιν. Μόνον τήν μεσημβρίαν της 12 Μαΐου, είς τό τέλος της συνεδριάσεως και μετά τήν έξάντλησιν της ήμερησίας διατάξεως,ό Clemenceau, ώς πρόε¬δρος τοΰ 'Ανωτάτου Συμβουλίου, έδήλωσε δτι δέν άπέμενε παρά ή έλληνική ύπόθεσις, έπί της όποιας θά έπρεπε νά δοθοΰν μερικαί εξηγή¬σεις. 'Ανέφερε δτι κατά τήν έκ Παρισίων άπουσίαν τών 'Ιταλών, οί "Ελ¬ληνες εΐχον ζητήσει νά έγκριθή άπόβασίς των είς Σμύρνην.Τοΰτο και έγινε δεκτόν. Δέν έπρόκειτο βέβαια περί μέτρου προδικάζοντος τήν τύχην της Σμύρνης. 'Απλώς έδίδετο είς τούς "Ελληνας ή δυνατότης νά προστατεύ¬σουν τούς όμογενεΐς των, έκ τών όποιων πολλοί εΐχον σφαγή. Τά ϊδια περίπου έΐιανέλαβε και ό Lloyd George, ένώ ό Clemenceau διά δευτέραν φοράν έβεβαίωσε δτι τήν άπόφασιν ν' άποβιβασθή έλληνικός στρατός είς τήν Μικράν Άσίαν ειχε προκαλέσει έλληνική αίτησις. Είς τό σημεΐον δμως αυτό, ό Wilson διακόπτων παρετήρησε δτι ή άρχική ύπόδειξις δέν προήλθε άπό τούς "Ελληνας. Τό Συμβούλιον, άντιθέτως, ύπέδειξε είς αύτούς δτι θά έπρεπε ν' άποβιβάσουν στρατόν, διά νά προλάβουν σφα γάς(1). «Ναι, έτσι είναι, είπε ό Clemenceau, προσθέσας οτι, κατά τάς
1. Ή παρέμβασις αύτη τοΰ προέδρου Wilson, ή όποια τιμά τήν είλικρίνειάν του, είναι
σημαντική ύπό έλληνικήν εποψιν. Διότι έπισήμως πιστοποιεί δτι ή έλληνική άποστολή
είς Σμύρνην δέν προήλθε άπό έλληνικήν πρωτοβουλίαν. Υπήρξε άπόφασις ή όποια έλή-
φθη πρός έξυπηρέτησιν σκοπών άσχέτων πρός τήν Ελλάδα. Και τοΰτο αυξάνει τάς άπέ-
ναντί της, έκ της άφορμής αύτής, ύποχρεώσεις τών δυτικών Δυνάμεων, οπως αυξάνει κατά
πολύ και τάς διά τά έπακολουθήσαντα γεγονότα εύθύνας των.
ΑΙ ΔΥΟ ΠΑΡΑΤΑΞΕΙΣ 67
πληροφορίας του, οί 'Ιταλοί εΐχον πρό ολίγου άποβιβάσει είς τήν Σμύρ¬νην μερικούς ναύτας, τούς όποιους κατόπιν απέσυραν. Ώς πρός τοΰτο, ό Orlando έδήλωσε άγνοιαν, έπεφυλάχθη δέ ν' άπαντήση έπί τοΰ ολου θέματος κατόπιν συνεννοήσεώς του μέ τόν Sonnino. Ήναγκάσθη έν τού¬τοις, πριν άποσυρθή, ν' άκούση τόν Lloyd George ζητοΰντα παρ' αύτοΰ λόγον διά τάς ίταλικάς άποβάσεις είς τρία σημεία της μικρασιατικής άκτής, αί όποΐαι έγιναν χωρίς συνεννόησιν μέ τούς Συμμάχους. Είς αύτάς ό Clemenceau προσέθεσε και τήν άρχικήν άπόβασιν τής Άτταλείας. 'Αλλά και έπί τοΰ σημείου αύτοΰ ό Orlando έδήλωσε οτι έπεθύμει νά συνεννοηθή μέ τόν Sonnino, ό όποιος κατείχε τό ζήτημα.
Αύται ήσαν αί όμολογουμένως θλιβεραί δι' αύτόν συνθήκαι, ύπό τάς όποιας ό 'Ιταλός πρωθυπουργός έμαθε έπισήμως τήν άποστολήν έλληνι κοΰ στρατοΰ είς Σμύρνην (1). Πρό πέντε ήδη ήμερών έπιστρέψας είς τήν έδραν της διασκέψεως, είχε άσφαλώς άντιληφθή οτι κάτι έτεκταίνετο είς βάρος του. Έγνώριζε χωρίς άμφιβολίαν ολην τήν πρός τήν χώραν του δυσπιστίαν τών Συμμάχων, τήν πλήρη άπομόνωσιν είς τήν όποίαν είχε περιέλθει ή ιταλική άντιπροσωπεία, τούς δεινούς άγώνας πού άνέμενον αύτήν έπί δλων σχεδόν τών ένδιαφερόντων τήν Ίταλίαν ζητημάτων. Εΐχεν έξ άλλου σαφώς τεθή είς αύτήν ζήτημα εύθύνης διά τάς έν άγνοια τών Συμμάχων ίταλικάς άποβάσεις είς τήν Μικράν Άσίαν. Πώς, ύπό τάς πε¬ριστάσεις αύτάς, νά διανοηθή ν' άντιταχθή κατά της έλληνικής άποστο- λής είς Σμύρνην, χωρίς ν' άντιμετωπίση τόν κίνδυνον όριστικής πλέον διασπάσεως τοΰ συμμαχικού μετώπου ; Άλλά και κατά ποίον τρόπον ν' άντιδράση κατά της είς τήν Μικράν Άσίαν έλληνικής άποβάσεως, τήν όποίαν, άντιθέτως πρός τάς ίταλικάς και άκριβώς ένεκα αύτών, είχε έγ- κρίνει τό Άνώτατον Συμβούλιον ;
Δι' ολους τούς λόγους αύτούς, οταν τό άπόγευμα της 12 Μαΐου έκλήθη ό Orlando νά ε'ίπη είς τό Συμβούλιον τήν έπί της έλληνικής άποστολής γνώμην του, έκρινε πολιτικώτερον, κάμνων τήν άνάγκην φιλοτι μίαν, νά μή προβάλη σοβαράς άντιρρήσεις κατά μιας άποφάσεως, τήν όποίαν έγνώριζε άνέκκλητον. Περιωρίσθη λοιπόν νά εϊπη δτι, έφόσον τό ζήτημα της όριστικής τύχης της Σμύρνης έμενε έκκρεμές, θά ήτο κατά τήν γνώμην του προτιμότερον νά μή άποσυρθοΰν τά συμμαχικά άποσπά- σματα, τά όποια ώς είχε συμφωνηθή θά μετεΐχον άρχικώς της επιχειρή¬σεως. Τοΰτο θά έδιδε είς αύτήν διεθνή χαρακτήρα. 'Αλλά μέ διαφόρους δικαιολογίας άπεκρούσθη ή πρότασις τοΰ Orlando, ό όποιος και δέν έπέ- μεινε περισσότερον έπ' αύτής.
Διά τήν 'Ελλάδα, ό κύβος είχε πλέον ριφθή !
1. Κατά τόν Ίταλόν διπλωμάτην Aldrovandi Marascotti, ο Orlando και ό Sonnino
εμαθον μέ άπογοήτευσιν και πικράν άγανάκτησιν τά της άποφάσεως της έλληνικής άπο-
στολής είς Σμύρνην, ιδίως διά τόν τρόπον, μέ τόν όποιον ο'ι σύμμαχοι των έχειρίσθησαν
τήν ύπόθεσιν, τά μέ τόν Βενιζέλον Ιδιαίτερα διαβούλιά των και τήν ολην προσπάθειάν των
νά θέσουν πρό τετελεσμένου γεγονότος τούς Ιταλούς.
1. Ή παρέμβασις αύτη τοΰ προέδρου Wilson, ή όποια τιμά τήν είλικρίνειάν του, είναι
σημαντική ύπό έλληνικήν εποψιν. Διότι έπισήμως πιστοποιεί δτι ή έλληνική άποστολή
είς Σμύρνην δέν προήλθε άπό έλληνικήν πρωτοβουλίαν. Υπήρξε άπόφασις ή όποια έλή-
φθη πρός έξυπηρέτησιν σκοπών άσχέτων πρός τήν Ελλάδα. Και τοΰτο αυξάνει τάς άπέ-
ναντί της, έκ της άφορμής αύτής, ύποχρεώσεις τών δυτικών Δυνάμεων, οπως αυξάνει κατά
πολύ και τάς διά τά έπακολουθήσαντα γεγονότα εύθύνας των.
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πληροφορίας του, οί 'Ιταλοί εΐχον πρό ολίγου άποβιβάσει είς τήν Σμύρ¬νην μερικούς ναύτας, τούς όποιους κατόπιν απέσυραν. Ώς πρός τοΰτο, ό Orlando έδήλωσε άγνοιαν, έπεφυλάχθη δέ ν' άπαντήση έπί τοΰ ολου θέματος κατόπιν συνεννοήσεώς του μέ τόν Sonnino. Ήναγκάσθη έν τού¬τοις, πριν άποσυρθή, ν' άκούση τόν Lloyd George ζητοΰντα παρ' αύτοΰ λόγον διά τάς ίταλικάς άποβάσεις είς τρία σημεία της μικρασιατικής άκτής, αί όποΐαι έγιναν χωρίς συνεννόησιν μέ τούς Συμμάχους. Είς αύτάς ό Clemenceau προσέθεσε και τήν άρχικήν άπόβασιν τής Άτταλείας. 'Αλλά και έπί τοΰ σημείου αύτοΰ ό Orlando έδήλωσε οτι έπεθύμει νά συνεννοηθή μέ τόν Sonnino, ό όποιος κατείχε τό ζήτημα.
Αύται ήσαν αί όμολογουμένως θλιβεραί δι' αύτόν συνθήκαι, ύπό τάς όποιας ό 'Ιταλός πρωθυπουργός έμαθε έπισήμως τήν άποστολήν έλληνι κοΰ στρατοΰ είς Σμύρνην (1). Πρό πέντε ήδη ήμερών έπιστρέψας είς τήν έδραν της διασκέψεως, είχε άσφαλώς άντιληφθή οτι κάτι έτεκταίνετο είς βάρος του. Έγνώριζε χωρίς άμφιβολίαν ολην τήν πρός τήν χώραν του δυσπιστίαν τών Συμμάχων, τήν πλήρη άπομόνωσιν είς τήν όποίαν είχε περιέλθει ή ιταλική άντιπροσωπεία, τούς δεινούς άγώνας πού άνέμενον αύτήν έπί δλων σχεδόν τών ένδιαφερόντων τήν Ίταλίαν ζητημάτων. Εΐχεν έξ άλλου σαφώς τεθή είς αύτήν ζήτημα εύθύνης διά τάς έν άγνοια τών Συμμάχων ίταλικάς άποβάσεις είς τήν Μικράν Άσίαν. Πώς, ύπό τάς πε¬ριστάσεις αύτάς, νά διανοηθή ν' άντιταχθή κατά της έλληνικής άποστο- λής είς Σμύρνην, χωρίς ν' άντιμετωπίση τόν κίνδυνον όριστικής πλέον διασπάσεως τοΰ συμμαχικού μετώπου ; Άλλά και κατά ποίον τρόπον ν' άντιδράση κατά της είς τήν Μικράν Άσίαν έλληνικής άποβάσεως, τήν όποίαν, άντιθέτως πρός τάς ίταλικάς και άκριβώς ένεκα αύτών, είχε έγ- κρίνει τό Άνώτατον Συμβούλιον ;
Δι' ολους τούς λόγους αύτούς, οταν τό άπόγευμα της 12 Μαΐου έκλήθη ό Orlando νά ε'ίπη είς τό Συμβούλιον τήν έπί της έλληνικής άποστολής γνώμην του, έκρινε πολιτικώτερον, κάμνων τήν άνάγκην φιλοτι μίαν, νά μή προβάλη σοβαράς άντιρρήσεις κατά μιας άποφάσεως, τήν όποίαν έγνώριζε άνέκκλητον. Περιωρίσθη λοιπόν νά εϊπη δτι, έφόσον τό ζήτημα της όριστικής τύχης της Σμύρνης έμενε έκκρεμές, θά ήτο κατά τήν γνώμην του προτιμότερον νά μή άποσυρθοΰν τά συμμαχικά άποσπά- σματα, τά όποια ώς είχε συμφωνηθή θά μετεΐχον άρχικώς της επιχειρή¬σεως. Τοΰτο θά έδιδε είς αύτήν διεθνή χαρακτήρα. 'Αλλά μέ διαφόρους δικαιολογίας άπεκρούσθη ή πρότασις τοΰ Orlando, ό όποιος και δέν έπέ- μεινε περισσότερον έπ' αύτής.
Διά τήν 'Ελλάδα, ό κύβος είχε πλέον ριφθή !
1. Κατά τόν Ίταλόν διπλωμάτην Aldrovandi Marascotti, ο Orlando και ό Sonnino
εμαθον μέ άπογοήτευσιν και πικράν άγανάκτησιν τά της άποφάσεως της έλληνικής άπο-
στολής είς Σμύρνην, ιδίως διά τόν τρόπον, μέ τόν όποιον ο'ι σύμμαχοι των έχειρίσθησαν
τήν ύπόθεσιν, τά μέ τόν Βενιζέλον Ιδιαίτερα διαβούλιά των και τήν ολην προσπάθειάν των
νά θέσουν πρό τετελεσμένου γεγονότος τούς Ιταλούς.
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Ελληνική Ιστορία 1940-49 .Ένα έθνος σε κρίση :: ΠΕΡΙΟΔΟΙ - ΘΕΜΑΤΙΚΕΣ ΕΝΟΤΗΤΕΣ :: Οι πολιτικές συγκρούσεις και οι ρίζες τους τις δεκαετίες '20,'30,'40
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